Vos programmes peuvent sembler assez proches. Qu'est-ce qui vous différencie ?


D'abord, nous pensons que notre programme est le fruit d'une longue réflexion qui témoigne d'un effort nécessaire de formalisation d'un discours global et cohérent pour le syndicat. Cette exigence là nous semble un préalable à toute action syndicale efficace et durable. Ca témoigne par ailleurs du sérieux de notre engagement. Ensuite, il y a des différences substantielles. Nous notons par exemple ces plusieurs points de divergence plus ou moins importants :

- sur la question de la limite d'altitude : là où SNAPEC 2018 souhaite revenir sur les orientations prises en AG et en CD en 2017 et estime que les actions du syndicat dans ce dossier doivent se circonscrire à des pour-parler avec nos amis guides et d'autres interlocuteurs, nous pensons qu'il faut être déterminés et lucides quant aux rapports de force en jeu et se préparer à devoir aller au-delà de la négociation si besoin. Nous sommes tout à fait prêts à discuter mais déterminés à faire valoir nos revendications légitimes par tous les moyens légaux.

- sur l'assurance : nous pensons avoir un regard plus critique et plus militant. Selon nous, il est faux de présenter un bilan sans nuages de la situation et qui se focalise essentiellement sur la baisse des tarifs cette année. Nous pensons que cette baisse est conjoncturelle et précaire. Nous préférons penser prix justes et pérennité que prix bas à court terme. Par ailleurs, nous ne partageons pas l'enthousiasme pour une assurance privée qui viendrait combler les lacunes de la protection sociale publique sans avoir revendiquer préalablement des améliorations en ce sens à l'heure de la réforme de la couverture sociale des indépendants.

- sur la couverture sociale justement : nous pensons que la proposition de caisse de solidarité n'est pas opportune parce qu'il existe déjà une assurance prévoyance publique plutôt "concurrentielle". Selon nous, la première action doit être l'information et la sensibilisation des adhérents. Par ailleurs, la masse de travail que nécessiterait la mise en place de cette caisse de solidarité aujourd'hui aurait plus de sens à être mis dans des revendications autour d'une amélioration de la couverture sociale des indépendants, tout à fait d'actualité et partagées par des millions d'indépendants précaires.

- sur les conditions de travail des moniteurs.rices, notre programme est résolument plus ambitieux que SNAPEC 2018. Nous pensons qu'il est de la mission du SNAPEC que de porter un regard syndical sur les pratiques commerciales et l'organisation du travail dans nos métiers. L'enjeu est double : évidemment la protection des moniteurs.rices mais également la valorisation des bonnes pratiques en la matière. C'est une démarche positive et constructive : nous avons tous à gagner à réfléchir collectivement à des modèles vertueux et à les promouvoir.

- sur l'indépendance du syndicat : nous pensons que les questions de conflit d'intérêt, d'indépendance et d'ingérence sont à aborder beaucoup plus largement que comme cela est fait par SNAPEC 2018. Notre syndicat regroupe une diversité de moniteurs.rices, travaillant sous des formes et des statuts nombreux. Si beaucoup de choses nous rassemblent, il est évident que certains intérêts personnels sur des champs d'action syndicaux précis peuvent être contradictoires.

Nous pensons qu'il serait extrêmement dommageable de priver le syndicat de compétences et de bonnes volontés au seul prétexte qu'il existe des intérêts particuliers à être patron de boîte ou formateur par exemple. Là où SNAPEC 2018 pense interdiction pour les formateurs CREPS d'être candidats à la présidence, nous pensons que des mesures extrêmement simples et de "bon sens", suffisent à raisonnablement prémunir notre syndicat de conflits d'intérêts majeurs : transparence et information sur les candidats aux élections, définition des responsabilités des représentants en conséquence,  séparation des pouvoirs et articulation équilibrée des organes décisionnels, mesures favorisant la représentativité du syndicat ...

Quant à la confidentialité, elle est nécessaire évidemment. Toute organisation doit composer de manière dialectique avec la transparence et la confidentialité. Nous contestons par contre fermement les dernières mesures prises qui utilisent la notion de confitendialité comme un bouclier vis à vis de la critique interne.  D'une manière générale, nous regrettons la logique de "répression"  de SNAPEC 2018. Nous y préférons un encadrement du fonctionnement syndical qui s'appuie sur la représentativité, la participation, la consultation,  l'information et la régulation raisonnée et ciblée.

- sur l'administration du syndicat, point de fond selon nous : au-delà de la différence d'analyse des risques de conflits d'intérêts développée au-dessus, nous pensons que l'administration du syndicat est aujourd'hui problématique à différents égards. Elle est inconfortable pour les individus  et problématique sur le plan de la démocratie interne (la décision repose trop souvent sur quelques uns) et elle constitue une forme d'obstruction au renouvellement et à l'intégration de forces vives (elle verrouille l'accès au décisionnel en exigeant une ancienneté syndicale). L'équipe actuelle a essuyé les plâtres d'une nouvelle formule adoptée ad hoc. Il est regrettable qu'elle n'ait pas su entendre à temps les alertes quant aux dérives et dysfonctionnements auxquels ce mode d'organisation nous expose. Nous pensons que si l'existence de vice-présidents est fonctionnellement et symboliquement intéressante, par contre, l'étage trio n'est pas pertinent. Nous souhaiterions revenir à une articulation administrativre telle que :

·      une assemblée générale qui fixe les grandes orientations syndicales,
·   un comité directeur qui les décline opérationnellement et contrôle l'exécution de ces dernières par le bureau directeur.
·      un bureau directeur chargé de l'exécution des actions définies collectivement
·    une présidence, épaulée de vice-présidents le cas échéant, qui représente au plus haut niveau et porte le discours de notre organisation


Julien Chaussidon et Guilhem Trouillas.


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